Mais simplement changer les meubles de place ne suffit pas : j’ai aussi envie de changer de meubles. À commencer par ma table basse qui, même si je l’adore, a quelques défauts dont j’ai pu me rendre compte au fil du temps.

Alors je me dis que j’irais bien acheter du bois pour en construire une nouvelle : après tout, ce n’est jamais que quelques planches assemblées ensemble pour faire un plateau, des pieds et peut-être un tiroir ou deux que je veux… non ?

Bien plus que quelques bouts de bois

Direction la scierie la plus proche, donc, à 15 minutes de chez moi. Arrivé sur place j’ai l’impression d’être au paradis : du bois partout, ce matériau noble et qui sent si bon. Des essences diverses, de dimensions variées… que de choix !

Ah oui… quel bois prendre ? Facile : les autres meubles (mon bureau et quelques étagères) que j’ai fabriqués sont en chêne, autant rester sur le même bois.

D’accord, mais quelles dimensions ? Euh… ben, un plateau équivalent à la taille de ma table actuelle, et puis de quoi faire des rangements ? J’ai beau avoir 10 doigts, ça fait pas assez pour compter les planches, et encore moins le développé (cumul longeur+largeur+hauteur de bois brut à acheter en scierie) souhaité, sachant qu’il faut en plus prendre en compte ce qui partira lors de la réalisation (rabottage, coupe, ponçage…).

Et puis, les pieds d’ailleurs, je les fais comment ? Avec le même bois ou un autre matériau ? Et l’assemblage ?

Prendre le temps de réfléchir

Bon, prenons les choses dans le bon ordre : qu’est-ce que je veux exactement ?

  1. Une table basse
  2. Qu’elle s’accorde visuellement avec mes autres meubles
  3. Qu’elle ait des rangement facilement accessibles pour y ranger quelques objets (télécommandes, manettes de console, un bouquin ou deux…)
  4. Un peu plus basse que ma table actuelle pour plus de confort
  5. Un rangement plus grand pour y déplacer mon bar ? (nice to have mais pas obligatoire)

Je peux alors commencer à imaginer quelque chose qui me conviendrait, mais difficile de savoir à quoi ça ressemblera concrètement ou de savoir quelles dimensions chaque coupes doit respecter.

Et vu mes capacités de dessin (malgré un an d’études en Arts Appliqués… eh oui) il va falloir trouver un outil plus efficace qu’un crayon…

Changer d’outil de travail

Trouver le bon outil

Ayant des souvenirs de mes cours d’Initiation aux Sciences de l’Ingénieur, je suis tenté d’utiliser SolidWorks. Sauf que c’est un logiciel lourd et pas super adapté au travail du bois. Et puis ces cours datent de près de 15 ans : pas sûr que je sois si efficace que ça depuis le temps.

Après quelques recherches et un peu de lecture, j’en conclus que SketchUp a l’air le plus adapté pour avoir un rendu basique. En plus ils proposent une version d’essai gratuite de 31 jours… parfait pour tester sans pression !

Seul problème : ma dernière expérience avec n’avait pas été concluante, puisque j’avais même pas réussi à modifier un modèle tout fait pour tourner un élément dedans. Leçon retenue : utiliser un nouvel outil sans apprendre à s’en servir est un raccourci vers l’échec.

Savoir s’adapter

Après téléchargement et un processus d’inscription obligatoire (pour un logiciel qui ne nécessite pourtant pas d’accès Internet à l’usage, mais soit) je lance le logiciel : un écran quasi vide avec une barre d’icônes et trois axes colorés sur un fond gris. Ça change de Visual Studio Code !

Heureusement, j’ai retenu la leçon : je commence aussitôt à chercher des tutoriels pour apprendre les bases. Je tombe donc assez rapidement sur les articles et vidéos d’Adebeo qui produit des tutoriels très accessibles qui m’ont permis de commencer à modéliser une première version.

Première version, vue de ¾ face

Première version, vue de ¾ arrière

Itérer pour améliorer

C’est une des notions de l’agilité : travailler par itérations. Sitôt la première version finie, je cherche presque immédiatement à l’améliorer.

Je commence donc par revoir la forme des pieds pour aérer les côtés, puis je les relie ensemble pour tenter de donner du style (c’est pas du meilleur effet, mais je suis justement là pour tester)

Deuxième itération, vue de ¾ face

Deuxième itération, vue de ¾ arrière

J’ai toujours bien une table basse, avec plus d’étagères que nécessaire, un grand rangement pour le bar à l’arrière (sans trop savoir comment je vais gérer son ouverture), mais je n’arrive pas à me rendre compte de ce que ça donnera.

Je tente alors d’ajouter une texture trouvée sur Architextures :

Deuxième itération, avec texture ajoutée, vue de ¾ face

Après réflexion, ce rendu me semble trop massif : mon salon n’est pas très grand, et je ne veux pas y ajouter une grosse masse. Il va peut-être falloir se passer de la partie bar (j’ai déjà un meuble qui permet de stocker mes bouteilles dans un coin de la pièce, donc ce n’est pas bien grave)… et revoir un peu le design pour l’aérer.

Trouver l’inspiration

Direction les magasins de meubles des environs pour voir ce qui se fait, et tenter d’y trouver des bonnes idées. Et puis c’est l’occasion de se promener un peu !

Malheureusement je ferai chou blanc sur ce point : les designs présentés ne correspondent pas à ce que je recherche, soit par le style, soit par le manque de praticalité.

Mais en naviguant un peu sur le site d’un atelier partagé proche de chez moi (au cas où j’aurai besoin d’outils que je n’ai pas) je tombe sur le site d’un ébéniste local qui a une table que je trouve super jolie, bien que pas assez pratique à mon goût.

Qu’à cela ne tienne, je réfléchis quelques jours pour trouver comment adapter son design… et j’itère encore !

Je vous passe quelques étapes intermédiaires vraiment pas très jolies, mais j’arrive à une version qui commence à me plaire :

Troisième version majeure, avec texture

En retravaillant un peu les tiroirs (qui sont conçus pour pouvoir être placés de n’importe quel côté, puisque tout est symétrique) c’est même encore mieux :

Troisième version majeure, avec poignées de tiroirs chanfreinées

En plus cette idée de pieds foncés pourrait très bien aller avec mon bureau qui a un support (assis-debout) en métal noir !

Itérer, encore

Même si c’est déjà beaucoup mieux, je me dis qu’il manque un truc… ça manque de légèreté, tout est collé ensemble.

Je commence déjà par revoir un peu les dimensions, qui étaient restées les mêmes depuis le début. Je réduis de quelques centimètres sur chaque axe, donc.

Puis je reprends l’idée d’espacer les pieds du plateau avec des petites tiges (ou tourillons, paraît-il) en laiton.

Quatrième version, plus petite, avec supports en laiton

J’en ai aussi profité pour rendre le bois plus épais (22mm au lieu de 18mm auparavant) et changer de texture pour du lamellé-collé.

C’est effectivement mieux, mais les supports sont trop rapprochés et pas assez visibles de l’extérieur. Qu’à cela ne tienne, je peux les déplacer facilement avec SketchUp !

Quatrième version, plus petite, avec supports en laiton plus espacés, vue de face

Et voilà, je commence à avoir quelque chose qui s’approche de la mise en production… y’a plus qu’à passer aux choses concrètes !

Et ensuite ?

Ensuite ? Je vais passer à la phase pratique bien sûr !

À moins qu’un éclair de génie ne me donne une autre idée avant… mais la foudre frappe rarement au même endroit, il paraît. 😉

En tout cas, si un jour vous voulez changer de mobilier, mais que vous ne trouvez pas votre bonheur en magasins ni en occasion, sachez que vous pouvez créer votre propre modèle 3D en quelques heures (j’ai dû passer moins de 10 heures sur ce projet) et que vous pourrez ainsi choisir d’avoir du bois local et responsable, en plus d’une main d’œuvre bien traitée !

Sur ce, je vais retourner coder un peu : rien que pour écrire cet article j’ai dû adapter la config de mon site dont les CSP étaient trop restrictives.